La Consoude bulbeuse est une espèce indicatrice de la naturalité des milieux : sa présence témoigne de la persistance de milieux naturels ou semi-naturels. Cette plante se trouve de plus en plus en compétition avec les projets d’entretien et de restauration des berges, d’ouvrages hydrauliques, ce qui explique son maintien en catégorie « Vulnérable » au titre de la liste rouge des espèces végétales en PACA.
Afin d’accompagner les MOA dans la prise en compte de la Consoude bulbeuse, un plan régional d’actions a été rédigé par le CBNMed et le SMIAGE Maralpin, en partenariat avec l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse. L’ensemble des mesures de conservation et de gestion de cette espèce a été présenté le 18 décembre 2019 à Nice à l’occasion du séminaire de restitution du document.
Un plan régional d’actions
La consoude bulbeuse (Symphytum bulbosum) est une espèce végétale protégée qui se rencontre en France méditerranéenne continentale au bord des cours d’eau côtiers des Alpes-Maritimes et du Var. Elle a fortement régressé depuis trois décennies en raison des aménagements, de l’urbanisation et du remblaiement des zones humides, mais elle demeure localement commune (Salanon et al., 2010 ; Noble & Diadema, 2011). C’est une espèce indicatrice du bon fonctionnement hydromorphologique des cours d’eau. Son habitat est la source de sa vulnérabilité : dans un territoire urbanisé et soumis à une pression d’aménagement constante, l’imperméabilisation des terrains couplée à des épisodes pluvieux violents entraîne les pouvoirs publics à aménager les cours d’eau de façon à réduire le risque d’inondations. La consoude bulbeuse se trouve alors en compétition avec des projets d’entretien et de restauration des berges et d’ouvrages hydrauliques.
Le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles (CBNMed) et le Syndicat Mixte pour l’Aménagement et la Gestion de l’Eau Maralpin (SMIAGE) ont réalisé conjointement le plan régional d’actions en faveur de Symphytum bulbosum, finalisé en décembre 2019. Ce travail a bénéficié du soutien financier et de la collaboration de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, ainsi que du soutien technique et de la collaboration de l’Agence française pour la biodiversité (AFB), de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Provence-Alpes-Côte d’Azur (DREAL PACA), de la Direction départementale des territoires et de la mer Alpes-Maritimes (DDTM 06), de l’Institut méditerranéen de la biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE) et des bureaux d’études Agirécologique et Cabinet X-ÆQUO.
Ce plan régional d’actions s’inscrit dans la volonté de maintenir les populations d’espèces protégées, rares ou menacées, dans un bon état de conservation.
Ce plan d’actions a été réalisé en trois phases :
Phase 1 : le bilan stationnel, qui a consisté à la visite des stations avec quantification de la présence, et l’évaluation de l’habitat, des menaces et des protections.
Phase 2 : l’approche spécialisée, qui a consisté ici à une modélisation de la répartition de l’espèce.
Phase 3 : la rédaction du plan d’actions, à l’aide d’ateliers regroupant différents acteurs, permettant des retours d’expérience et des propositions d’actions concrètes
Ce plan représente une contribution aux orientations inscrites dans la Stratégie régionale pour la biodiversité (SRB) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) pour laquelle des plans d’actions en faveur des espèces les plus rares ou menacées sont en cours de réalisation.
De plus, il représente une contribution au Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) de la région PACA, aujourd’hui inclus dans le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET), au travers de la trame verte et bleue régionale. En effet, les continuités écologiques sont constituées de réservoirs de biodiversité et de corridors écologiques qui relient ces réservoirs. Il contribue également à la Stratégie globale pour la biodiversité (SGB) en région PACA, en participant à « refonder la relation Homme-Nature pour faire émerger un nouveau modèle de développement, dans lequel la biodiversité soit mieux connue, préservée et valorisée. »
Il représente également une contribution à la compétence relative à la Gestion des milieux aquatiques et à la prévention des inondations (GEMAPI) confiée depuis le 1er janvier 2018 aux Etablissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre (EPCI-FP), en les invitant à travailler à l’échelle du bassin versant. Redonner un fonctionnement naturel aux cours d’eau altérés par certains aménagements et activités humaines est un des moyens efficaces et reconnus pour atteindre le bon état écologique des rivières et pour réduire les dommages liés aux crues (AERMC, 2018).
Ce plan intègre un programme d’actions sur 10 ans afin de :
– Maintenir les populations et restaurer ou préserver les habitats d’espèces
– Améliorer la prise en compte de l’espèce dans les projets d’aménagement
– Améliorer la concertation, l’information et la sensibilisation
Il comporte également 12 fiches pratiques afin d’aider les porteurs de projet à mieux prendre en compte et préserver la Consoude dans les différentes étapes des projets.