Au siècle dernier, le fleuve Var a connu des aménagements conséquents qui ont réduit les habitats naturels et certains ont même été définitivement détruits. Cette étroite zone naturelle subsistante, appelée « Petite Camargue » par les connaisseurs, sollicite donc aujourd’hui toute notre attention puisque les enjeux sont très forts en termes de conservation de la biodiversité.
L’embouchure du Var représente ainsi la plus grande zone humide du département des Alpes-Maritimes : plus de 220 espèces d’oiseaux y ont été observées parmi lesquelles 42 espèces à forte valeur patrimoniale dont 34 sont inscrites à l’annexe I de la Directive Oiseaux et 31 espèces inscrites sur la liste rouge française établie par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature). C’est ce qui a conduit à son classement en Zone de Protection Spéciale (ZPS) au titre de la Directive « Oiseaux », le 3 mars 2006.
Ce site Natura 2000 (réseau européen d’espaces protégés) est animé depuis le 1er janvier 2014 par le département des Alpes-Maritimes puis le SMIAGE depuis 2017. Pour sa protection, 15 mesures de gestion ont été mises en place et suivies par un comité de pilotage.
Outre les menaces d’origine naturelle (crue, embroussaillement des îlots, prédation) le site est soumis à d’autres menaces d’origine anthropique : observations ornithologiques et photographies, activités de loisirs (promenade, baignade, paddle, divagations des chiens, barbecues…) et d’autres illicites comme le braconnage. Les intrusions humaines sont régulières notamment en période printanière et estivale. La réglementation existante sur le site jusque-là était insuffisante et sa mise en application par les services de police difficile puisque le site est composé d’une partie terrestre ( Domaine Public Maritime) et d’une partie fluviale (Domaine Public Fluvial) .
Deux arrêtés de protection de biotope ont donc été pris : l’Arrêté Préfectoral (DDTM-SEAFEN-AP-N°2019-019) signé le 24 avril 2019 et l’Arrêté Ministériel (AGRM1915838A) en date du 28 mai 2019 publié au Journal Officiel de la République Française le 30 mai 2019. Désormais, des sanctions peuvent donc être appliquées si la réglementation n’est pas respectée : procès-verbal pour infraction mineure ou poursuite pénale si infraction importante.
Ce double arrêté interdit toute présence humaine et animale domestique ainsi que toute activité sur le site. En revanche, les piétons et les cyclistes peuvent circuler sur les crêtes de digues aménagées à cet effet.